Bonsoir à tous !
Je sais que j’avais évoqué une fréquence de post potentiellement
plus élevée au dernier article, mais ça s’est avéré plus compliqué que prévu,
j’ai quelques soucis de connexion internet (ça fait partie du folklore des
vacances).
Je
profite d’une accalmie pour vous exposer enfin mon projet d’arts plastiques
de bac, plus ou moins tel que je l’ai présenté le jour de l’oral. Désolée pour l’aspect
un peu pompeux, j’en ai peut-être un peu trop fait...
Mais voilà, c'était le bac.
Bonne lecture !
***
Tout au long de cette année de terminale, dans le
cadre de l’option Arts Plastiques, nous avons eu à confronter les thématiques
portées par les œuvres de Guiseppe Penone, Joan Fontcuberta et le « Maître
de Bourges », auteur du vitrail de la Parabole du Bon Samaritain, afin de
réaliser notre propre dossier créatif. Pour chacun, j’en suis venue à isoler
une notion : nature, métamorphose,
lumière. Mon imaginaire a commencé à foisonner autour de ces mots…
Je me suis prise à concevoir un monde, le nôtre,
dans un futur proche et possible. Les preuves abondent aujourd’hui pour montrer
que la Nature demeure plus puissante que l’Homme, ne serait-ce qu’au regard des
récents ouragans aux Etats-Unis ou des inondations catastrophiques en France.
Dès lors, il n’est pas compliqué ni extravagant d’imaginer la Nature s’étoffer
véritablement, gagner du terrain, entreprendre de se réapproprier l’espace qui
lui a été dérobé par l’Homme. Celui-ci, conscient de la menace et de la
puissance de la Nature, tente de l’apprivoiser pour pouvoir vivre en harmonie
avec elle, mais il est bien trop tard. La Nature reprend ses droits, au
détriment de la civilisation humaine.
Voici mon contexte.
Je m’y suis placée en étrangère, exploratrice de ce
monde englouti depuis des années, à la façon de Joan Fontcuberta dans Fauna
mais préférant le dessin à la photographie pour mon reportage.
Face à cette étonnante structure, un vitrail a tout
particulièrement retenu mon attention. Probablement moins poussiéreux,
légèrement moins terne que les autres, épargné par les plantes grimpantes et
tombantes, impitoyables assaillantes. Je m’en suis approchée,
précautionneusement. La grande verrière semblait représenter un jeune garçon
pris dans cette mouvance végétale de verre et de plomb. L’ouvrage recelait
encore un éclat tout particulier, une sorte de lueur qui pulsait tout doucement
de la poitrine de cet être qu’on eût voulu croire un jour en vie.
Avant cette
dévastation naturelle…
Mue par une curiosité toute fascinée, j’ai franchi
les grilles et me suis prudemment aventurée à l’intérieur. Stupeur :
l’endroit, pour désert et poussiéreux qu’il soit, était exempt de toute
agression végétale. La Nature avait conservé ce sanctuaire quasiment intact, et
seule une petite plante s’y épanouissait, nimbée des reflets des vitraux. Cette
strophe du célèbre et ravissant poème de Baudelaire m’est alors revenue en
mémoire :
« La Nature est un temple où de vivants
piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’Homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des
regards familiers… »
Tandis que j’observais révérencieusement les lieux, j’ai perçu une
présence, sous un vitrail. Je me suis approchée, intriguée. Je pensais que tous
les hommes avaient disparu de cette ville. Manifestement, je me trompais :
j’avais devant moi un petit bonhomme d’une dizaine d’années aux cheveux
emmêlés, les yeux clos, la tête basse. La sérénité qui se dégageait de tout son
être empêchait pourtant de le croire sans vie. Une tablette numérique reposait
sur ses genoux, qui avait probablement glissé de sa position initiale, devant
sa poitrine.
Prêtant un peu plus d’attention à cette tablette,
je me suis aperçue du curieux motif qu’elle semblait porter… Avant de
comprendre qu’elle me donnait une image de l’intérieur même de la poitrine de
l’enfant. Pensée difficile à accepter… D’autant que cette vision était
parfaitement surnaturelle : deux oiseaux voletaient en pépiant dans sa cage thoracique ; ils
étaient d’un rouge si intense et chaleureux qu’ils évoquaient irrésistiblement
deux petits cœurs palpitants et bien vivants.
Deux cœurs palpitants…
Et si c’était ça, la clé
protégée par ce sanctuaire ? Là où s’accomplissait réellement cette utopie
rêvée, une fusion entre l’homme et la nature ? Dans ce cas, ce nouveau
monde en apparence dévastateur n’aurait eu d’autre but que de rétablir cet
équilibre perdu, comme c'est souvent le cas...
La seule vision de celle image était porteuse d’un espoir
insensé.
***
Voilà voilà, le fruit
d’une année d’arts plastiques ! Enfin, j'aurai passé le plus gros de mon année sur un seul dessin, celui de la troisième planche, qui est en définitive celui qui me plait le moins.
Les autres ont été réalisés relativement rapidement et sont plus spontanés.
L’oral en lui-même s’est plutôt bien
passé. L’entretien avec les deux membres du jury, bien qu’intimidant et parfois
malaisé (ils voient des choses et des liens dans nos dessins qui ne nous ont même pas
effleuré l’esprit !) semble finalement leur avoir assez plu…et s’est
terminé sur une note incongrue que j’ai consignée pour ne pas risquer de
l’oublier :
Ce n’était pas intentionnel, et je n’ai même pas compris tout de suite ce qu’il voulait dire
(que je portais un haut similaire à celui de mon vitrail).
Je me suis sentie très bête.
Merci d'avoir lu, bonne nuit à tous !